Digitopia - dossier exclusion digitale

Digitopia.. et qui ne suit pas?

Auteur: Karel Verhoeven

Intervenants:

  • Paul Laurent de l’Espace Publique Numérique (EPN) à Schaarbeek
  • Barbara Goethals du Brussels Platform Armoede
  • Daniël Flincke de Lire et Ecrire asbl

Paul Laurent a souligné que chaque habitant de Schaerbeek peut se rendre dans un Espace Publique Numérique pour se connecter à l’internet. Si nécessaire, on leur montrera, de manière peu contraignante, comment effectuer des démarches administratives par voie numérique, par exemple.

Paul et deux témoins de Schaerbeek parlent de seuils, d’impuissance, de désespoir, d’isolement social mais aussi de confiance en soi retrouvée, de confidentialité attendue, d’entraide.

Le public de l’Espace Publique Numérique est très varié.

Voir aussi: https://www.cpas-schaerbeek.brussels/inscrivez-vous-aux-ateliers-numerique-du-cyberogier/

Barbara Goethals van Brussels Platform Armoede belicht hoe toegang tot cultuur, vervoer, huisvesting, bijstand dienstverlening, steun of kortom rechten steeds meer verschuift van fysieke loketten naar digitale toegangspoorten. Maar ook hoe armoede impact heeft op verschillende levensdomeinen die onderling meestal negatief op elkaar inspelen waarbij digitalisering heeft op zijn beurt ook impact op alle levensdomeinen. Dit levert uitsluiting en hogere drempels op.

Het Brussels Platform Armoede en de acht Brusselse verenigingen waar mensen in armoede het woord nemen, werkten twee jaar lang rond digitale uitsluiting. Zij verzamelden getuigenissen, belichten drempels en uitdagingen, voeren actie en komen tot aanbevelingen en goede praktijken.

Barbara Goethals, de la Plate-forme Bruxelloise sur la Pauvreté, souligne que l’accès à la culture, au transport, au logement, aux services d’assistance, à l’aide ou, en bref, aux droits se déplace de plus en plus des guichets physiques vers les points d’accès numériques. Mais aussi comment la pauvreté a un impact sur différents domaines de la vie qui interagissent généralement de manière négative les uns avec les autres, alors que la numérisation a à son tour un impact sur tous les domaines de la vie. Il en résulte une exclusion et des seuils plus élevés.

La Plate-forme bruxelloise de lutte contre la pauvreté et les huit associations bruxelloises où les personnes en situation de pauvreté s’expriment ont travaillé pendant deux ans sur l’exclusion numérique. Elles ont recueilli des témoignages, mis en évidence les seuils et les défis, pris des mesures et formulé des recommandations et des bonnes pratiques.

Le rapport a pris la forme d’un site web attrayant et visuel, à consulter en version française et nééerlandaise.

Daniel Flinker de Lire et Écrire Brussel situe le problème du numérique dans une grande partie de la vie quotidienne. Le contact humain entre le service essentiel et l’utilisateur est réduit, voire éliminé. La perte d’autonomie et la non-réalisation des droits sont le corollaire de la numérisation imposée à la société. Après tout, la moitié de la population est numériquement vulnérable.

C’est ce contexte problématique d’une ordonnance capitale promulguée en 2022 pour obliger tous les services régionaux à être disponibles numériquement qui allume la mèche.

Ce projet catalyse le mécontentement face au « tout numérique ». Il est devenu un symbole d’association à la colère du monde associatif et de nombreux citoyens depuis deux ans. Ensemble, ils s’opposent à toujours plus de numérique et défendent la préservation des guichets physiques. Contre les ambitions numériques de l’administration régionale, ils se dressent avec une palette de militantisme démocratique. Il s’agit de publications, de lettres ouvertes, de lettres, de milliers d’e-mails, d’affiches, de débats, de manifestations…

Pourtant, cette ordonnance bruxelloise est entrée en vigueur. Malgré une forte mobilisation de la société civile, l’ordonnance ne garantit pas le maintien de guichets de qualité régionaux et communaux accessibles et de services téléphoniques accessibles.

Fait remarquable, chaque phase de la campagne a contraint les autorités à réviser et à faire évoluer l’ordonnance. Entre le projet et le texte final, des avancées significatives ont été obtenues grâce à la pression des citoyens.

En fait, l’opposition à l’ordonnance peut être considérée comme un point de basculement. Pendant des années, la numérisation sociale s’est faite sans discussion. En ce qui concerne les guichets, seules des promesses ont été faites. L’opposition à la numérisation bruxelloise a permis de jeter les bases idéologiques et organisationnelles pour inverser ces tendances. Les conditions semblent désormais réunies pour une amélioration concrète de l’accessibilité des services essentiels. Et sur la question du numérique, un véritable débat public s’est engagé. Il doit maintenant être mené à grande échelle pour donner collectivement sa place au numérique dans la société.

Dans les mois à venir, l’action « l’humain d’abord » sera relancée pour s’adresser à quatre niveaux de pouvoir par des actions adaptées.

  • Au niveau bruxellois (communal et régional), l’objectif est d’obliger les nouvelles majorités politiques à ouvrir réellement de nouveaux guichets. La lutte contre l’ordonnance numérique bruxelloise ne sera pas abandonnée. Les associations actives dans le mouvement se mettent au diapason et se dotent d’avocats. La décision d’introduire ou non une requête en annulation de cette mesure discriminatoire auprès de la Cour constitutionnelle sera prise avant la fin du mois d’août 2024.
  • Au niveau fédéral, un travail de lobbying auprès des élus est prévu. L’ambition est de faire inscrire le droit de ne pas utiliser internet dans la Constitution belge.
  • Enfin, au niveau européen, une action est lancée pour établir un moratoire contre la numérisation des services essentiels. Une lettre ouverte en six langues aux autorités européennes est en cours de rédaction à ce sujet. Des chercheurs de renommée internationale et des plateformes associatives européennes parrainent l’initiative. L’idée est qu’un maximum de professeurs et d’associations apposent leur nom sur le texte, qui serait ensuite publié sous forme de lettre ouverte dans des journaux de plusieurs pays européens. A terme, ce texte pourrait être transformé en une pétition que tous les citoyens pourraient soutenir.

Plus d’infos sur la campagne: https://lire-et-ecrire.be/Participez-a-la-campagne-l-humain-d-abord-en-2024