La solidarité n’est pas un crime – rapport samedi 06/11/2021

Deux personnes ont parlé de leurs expériences en tant que travailleurs sociaux et avocats soutenant des personnes en fuite.

Annouk Van Gestel, ancienne rédactrice en chef de Marie-Claire, a été tellement choquée après un reportage à Calais qu’elle s’est réellement engagée comme militante (et pas seulement comme journaliste).

À Calais, elle avait également remarqué que les actions de solidarité suscitaient l’émoi de beaucoup de monde.

Après l’évacuation forcée du camp de Calais, de nombreuses personnes se sont également retrouvées dans le parc Maximilien de Bruxelles. Elle a organisé elle-même un certain nombre d’actions et a fini par donner refuge à une réfugiée mineure.

Un matin, elle a été réveillée très tôt (à 5 heures), sept policiers ont pénétré chez elle et ont confisqué son ordinateur, ses fichiers et son téléphone portable.

Elle a ensuite été convoquée au poste de police et accusée de trafic d’êtres humains. Elle a même risqué l’emprisonnement.

L’affaire a été traitée à Dendermonde, avec dix autres personnes soupçonnées de trafic, de soutien et d’actes illégaux concernant des réfugiés. C’était un amalgame de faits et de cas totalement différents.

Pour l’opinion publique, une image a été créée, selon laquelle il s’agissait de trafic d’êtres humains et d’actes criminels.

Ensuite, après intervention, le procès a été déplacé à Bruxelles où une lecture complètement différente du procès a eu lieu. Entre-temps, bien sûr, les soupçons étaient partis, et toute l’affaire a eu un très grand impact sur sa vie privée et sa famille.

(Là où il y a de la fumée, il y a du feu, de la peur, des gens qui l’ont approchée différemment, etc.)

Elle n’a été acquittée de l’affaire qu’en mai 2021 et envisage désormais d’intenter une action en justice contre l’État belge pour attentat à la pudeur.

Cependant, Anouk est restée occupée, plus active que jamais, elle donne à nouveau asile à des réfugiés et a lancé, avec d’autres personnes, un espace de rencontre annexe au café à Ixelles (Al & Greta, Boulevard de la République 167, 1050 Bruxelles).

 

Le deuxième intervenant était Alexis Deswaef, avocat et ancien président de la Ligue des droits de l’homme.

Alexis était également la conseillère Anouk Van Gestel, et a insisté une fois de plus sur le fait que le monde politique mène principalement une politique répressive. Non seulement à l’égard des réfugiés (chaque pays veut se présenter de la manière la moins attrayante possible à l’égard des réfugiés) mais aussi à l’égard des personnes qui font preuve de solidarité avec les réfugiés.

De cette manière, une culture de la peur est créée, qui empêche les gens d’approcher et de soutenir les personnes vulnérables de manière humaine.

Peur de la persécution légale, voire de l’emprisonnement, de l’imputation.

Ce que font les militants et les groupes de solidarité, en revanche, c’est combler le manque d’accueil humain des personnes en fuite. Parce que l’État ne le fait pas.

Le plan Méduse, que le gouvernement précédent a contribué à mettre en place pour lutter contre le trafic d’êtres humains, a en fait été détourné pour traquer et décourager les travailleurs solidaires.

Parce que la répression a tellement augmenté (contrôles aux frontières, donc aussi des drames sur le Med. Mer, barrières en Croatie, Hongrie, Biélorussie), les réfugiés sont presque obligés de chercher refuge dans des clans de voyous. C’est donc le contraire qui se produit, car la répression impitoyable augmente la contrebande d’êtres humains.

Alexis Deswaer souligne (lors de la série de questions) qu’au cours de ses nombreuses années d’expérience en tant qu’avocat et conseiller des réfugiés, il y a une constante.

Si les gens avaient le choix de rester dans leur pays d’origine, ils n’auraient jamais émigré.

Cependant, si le monde politique ne travaille pas fondamentalement sur les causes qui sont à l’origine de la migration (inégalités sociales, exploitation économique, répression, pauvreté, climat), la migration ne fera qu’augmenter, malgré toute la répression.